vendredi 19 mars 2010

Le futur de la musique... Vu d'un label très branché... Interview The Orchard Olivier de Simone







Olivier de Simone a un petit accent Suisse et c'est là d'où il vient. Au départ, il avait un groupe qui a bien marché -Averse de Soleil-. Puis, il s'est intéressé à la production et au web et il y a compris que la musique et l'Internet étaient faits pour marcher ensemble. Il s'est mis à travailler pour Urban Jungle et il co-manage depuis longtemps l'artiste Céu. Il a rencontré Richard et Scott -les fondateurs de The Orchard- alors qu'il envisageait de monter un concurrent... C'est comme ça qu'il les a rejoint. 



Hello Olivier, The Orchard vient de lancer un outil d'analyse de trafic en ligne -ou autrement dit de la Datavisualization- nommé "Orchard Sales Analytic Tool" pour la musique, et à ce titre vous vous retrouvez dans la même veine que Denzyl de AWAL, qu'est ce que vous de cet outil?
Aux Etats-Unis, il existe sur le monde physique un bon outil -Soundscan- pour savoir ce qui se vend ville par ville. En France, et en Europe, pas grand chose. la plupard des reporting étaient issues de Excel et peu maniables. Le fait d'avoir fait une interface type 2.0 rend la lecture beaucoup plus facile et la manipulation des données plus efficace. Pour l'instant on tracke avec finesse, Itunes, 24/7, verizon, Deezer, Youtube, et de nombreux autres.
Tout ceci te permet donc d'avoir une meilleure visibilité sur ton catalogue ou sur ton artiste, en comprenant où se trouvent less points chauds de fan et ce qui origine leur création. L'objectif est de tracker tout ce qui est possible. Je suis très curieux de savoir ce que vous allez faire avec CaptainDash, mais on serait sans doute intéressé d'avoir une discussion avec vous si ça fait du sens. Notre objectif est vraiment d'être très bons dans ce domaine et on va se donner les moyens d'y parvenir.

Qu'est ce que tu penses de la puissance des médias traditionnelles dans le phénomène d'émergence de nouveaux artistes? 
Tu veux dire, est-ce qu'il faut toujours passer par NRJ pour breaker un artiste? C'est pas forcément ça qui va te faire exploser, mais ça aide. Aucun doute.
La recette pour faire péter un artiste, c'est la transparence. Avant, un artiste se cachait en studio et jamais te faire écouter ses démos. Les médias validaient le concept, il y avait un max de sponsorship. Aujourd'hui un artiste doit avoir une relation forte avec sa base de public. Raveonttes est un bon exemple. C'est la communauté des fans qui va définir ce que doit être l'album. On est dans une logique de co-création [c'est un discours que tient Eyeka depuis plusieurs années NDRL] beaucoup plus marquée. 

Et sur l'internet? 
Il y a virage super intéressant qui se produit en ce moment. Les labels ont de plus en plus des stratégies qui partent du web pour aller sur le marché. Le plus difficile quand une nouvelle techno arrive, c'est de la faire adopter, mais aujourd'hui tout le monde consomme de la musique en dématérialisée, le seul problème c'est que tu as 85% de piratage.Avant tu avais un modèle très unifié et aujourd'hui tu as un modèle très divers en distribution. Il va encore énormément se développer en distribution.

Est ce que tu crois que tu peux gagner ta vie avec des artistes qui font 5000 téléchargements, je veux dire, est-ce que tu crois à la longue tail dans la musique produite
Oui, on est intéressé car cela génère de très bonnes tendances amont. C'est une façon de travailler différemment. Mais c'est sûr que ça reste plus intéressant d'avoir des Simply Red à promotionner.
Il va y avoir un mix des deux ; c'est nouveau et nécessaire. Comprendre les tendances avec les petits, faire de l'argent avec les gros. 

Pourquoi The Orchard serait-il différent?
On est clairement dans un domaine naissant et on envisage les choses très différemment de ce qui existait auparavant. Notre angle d'approche est celui du web et c'est comme cela que l'on voit notre catalogue et nos clients. On part du web et on ne doit pas s'y adapter comme d'autres.

C'est quoi qui va révolutionner la musique dans cinq ans?
Au niveau des offres, on va avoir une multitude de business models et même au delà. Ton lifestyle sera organisé par un service. Je pense à Squeezebox de chez Logitech par exemple. Les services intéressants qui auront une offre multi-device, ou multi-contenu, seront très forts, je crois beaucoup dans des choses comme mxp4.
Encore une fois, je pense que le maitre mot c'est la transparence et l'ouverture.

Le futur des Majors? 
Elles sont en difficultés car elles ont des coûts fixes très significatifs. Elles peuvent cependant toujours investir très vite, mais ont toujours une politique plus gestionnaire que visionnaire. Je pense qu'elles restent sous-estimées car elles gardent ce pouvoir d'acquisition. Ca reste un sacré challenge pour elles.

I-tunes c'est un bon service pour toi? 
C'est le meilleur service car il est très vertical. Un magasin, un logiciel, un device. Ca amène sécurité, fiabilité, efficacité. Maintenant si on regarde où va le marché, ils vont être obligé de s'ouvrir. L'acquisition de Lala est un bon signe.

Et Spotify et Deezer?
Supers offres. Ils ont réussi à produire une technologie qui est tellement efficace et confortable que tu deviens rapidement adict. Il reste quelques problèmes au niveau des playlists.
Tout le monde se rassure en se disant qu'ils vont se planter, mais il ne faut pas se leurrer. Ils ont un bon business model et vont continuer à changer le marché. Ils créent de l'audience et c'est ce que cherchent les artistes.
Le gros challenge ça va être de faire du premium et on y est pas encore. Il faudra acheter du temps, plutôt 3 à 5 ans que 6 mois à 1 an.

Hadopi et consors? 
C'est basé sur le P2P, qui n'est plus un problème aujourd'hui. Personnellement, je n'y crois absolument pas. Le lendemain du jour ou ça va être mis en place il y aura une alternative forte. 

Donc tu es en faveur de la Licence Globale?
Ca me semble être une piste intéressante. Peut être que l'on y viendra bientôt. Il risque d'y avoir un moment ou on devra se mettre tous autour d'une table pour discuter et voir comment on met ça en place. Je n'aime pas trop cette idée, car je pense que même si le net doit être libre, les contenus et surtout le service doivent rester valorisés.

C'est quoi ta prédiction sur le marché de la musique? 
Je pense qu'il va encore baisser un poil, car l'industrie est encore très conservatrice. Il y a une crise d'identité de l'industrie et il va falloir que quelques sociétés emblématiques deviennent plus innovantes. Si l'industrie continue à se comporter ainsi, ça va pas aller mieux. Je me réfère au discours du gars de Kodak au MidemNet qui explique comment ils sont passé de l'argentique au numérique. L'oppportunité est énorme. Tout le monde écoute de la musique. il faut changer notre façon de penser.

2 commentaires:

Lulu77 a dit…

Donc il a expliqué comment Kodak a complètement raté la passage au numérique.

L'autocritique chez Kodak, j'aurais aimé être là.

Lulu77 a dit…

Excellent billet. Merci.

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