jeudi 11 février 2010

La fin du modèle gratuit?


Nombreuses sont, ces jours-ci les annonces de fin du modèle gratuit.  Edgar Bronfman Jr (patron de Warner Musique) vient d'en dire autant de mal qu'il pouvait tandis que Spotify, qui cherche désespérément à entrer aux USA depuis cinq mois, bute d'après un négociateur proche du dossier, principalement sur ce point. 
Les Majors en ont assez du gratuit, et même du Frimium, combinant un produit d'appel gratuit, avec une offre plus qualitative, elle payante. 
Quel est la raison de ce revirement? Plusieurs études semblent avoir montré que beaucoup de consommateurs se satisfont plutôt bien des offres gratuites telles qu'elles existent. Ces études mettent en avant un point plus ennuyeux pour les maisons de disques ; le gratuit renforcerait auprès des consommateurs l'idée que la musique ne se paye plus. 
Jusqu'à présent, les majors l'acceptaient à peu près. Ce qui aurait déclanché le feu au poudre serait, justement, la tentative de lancement aux USA de Spotify. Warner et Sony Music se seraient alors rendus compte que ce type d'offre était réellement en train de se généraliser et qu'il était temps d'y mettre un hola. Un Consultant, qui travaille directement pour  E. Bronfman, auquel nous avons parlé récemment, commente ainsi "on travaille toute la journée pour recréer de la valeur aux contenus et ces gars là font exactement le contraire ; Edgar en a juste raz-le-bol, son business n'est pas de faire vivre les start-up mais d'avancer de façon cohérente dans une direction". 
Même les offres qui consistent à proposer de la qualité sonore réduite, mono par exemple, n'emportent qu'une adhésion plus que limitée "c'est gratuit ou c'est payant ; et notre métier c'est de vendre la musique". 
Selon cette même source, "le but n'est pas de tuer ces start-up, mais de réorienter leurs business model de la musique dans la bonne direction, et on tient le manche"... avis aux intéressés. 
Mais le vrai reproche que les majors font à ces même start-up c'est de ne pas avoir respecté leurs promesses concernant les taux de conversation du gratuit au payant. Problème, aucun chiffre n'est connu. Spotify a évoqué au Midem un taux de conversion de l'ordre de 4%, ce qui, si l'on en croit le livre de Marc Andersen -- Free --  se situerait plutôt dans le haut de la fourchette des taux constatés sur les offres "fremium". Ca n'est pas pour autant satisfaisant pour les maisons de disques, qui aimerait bien revenir au temps ou chaque foyer français achetait 3,2 disques par an, pour des montants signifitifs, avant que les prix ne commencent à baisser. 

Il semble donc que Spotify ait du souci à se faire, même si ils continuent d'afficher leur confiance sur le fait que les négociations puissent aboutir prochainement concernant leurs lancement aux USA. 

Petite consolation cependant, EMI vient de licencier son catalogue à DailyMotion... ce qui montre bien que les maisons de disques n'ont pas encore vraiment accordé leurs violons sur ce qu'il convient de faire pour avancer de concert... 


2 commentaires:

Anonyme a dit…

vous avez ecrit 'frimium'/'fremium' au lieu de 'freemium' et du coup on comprend moins bien le concept, qui est un mix de "free" et de "premium"

remyL a dit…

"(...) et notre métier c'est de vendre la musique."
"le but n'est pas de (les) tuer, mais de réorienter leurs business model dans la bonne direction, et on tient le manche."

Voilà à quoi "on" résume la culture musicale depuis 2000. En faisant fi du developpement exponentiel de l'autoproduction, de l'autopromotion et de la débrouillardise de la scène musicale actuelle, le fameux "D.I.Y" (toutes tendances confondues).

On nous vend de la soupe pour de la culture, à des prix toujours plus prohibitifs: le plus simple constat, la différence tarifaire des "prix verts" de la FNAC passant de +/-99F à en moyenne 18/20Euro maintenant.
Dans le même temps, la qualité des "signés" a cruellement baissée, tombant dans des schémas très commerçiaux et archetypés, la qualité/quantité des catalogues a fondu comme neige au soleil.

Et dans tout ça, la seule question que les majors se posent: "comment forcer à nouveau le consommateur à ne se servir QUE chez nous."

un conseil (tout personnel) : aidez votre scène locale, les collectifs, asso' se bougeant le cul pour la culture musicale ou encore Jamendo plutôt que Sony, Universal et consors.

Bon week end à toutes et tous.

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